54 ETATS – Interview de Claude ATTILA

L’industrie du bâtiment est l’une des principales sources d’émission de gaz à effet de serre. À elle seule, la production de ciment est responsable de 5 % du CO2 rejeté dans l’atmosphère. WenCL Consulting, une entreprise Française basée à Brazzaville propose une alternative, moins onéreuse et vingt cinq fois moins polluante que le béton et le parpaing classique communément appelé conventionnel à base de ciment. De quoi faire pâlir le cimentier franco-suisse Lafarge, qui un jour, avec tous les blâmes qu’il essuie, pourrait bien devenir un colosse aux pieds d’argile. Explications.
Le béton et le parpaing de ciment sont les matériaux de construction les plus utilisés au monde. Chaque année, des milliards de tonnes de béton et de parpaing ciment sont produites et l’impact environnemental est catastrophique. Une tonne de ciment entraînerait une émission d’environ 900 kg de C02. Son principal constituant, le clinker, nécessite une cuisson à près de 1450°C, ce qui explique sa forte consommation énergétique.
Claude Attila, architecte Français, d’origine togolaise et co-fondateur avec le génie informaticien Tiburce Wenceslas Mboli de la société WenCL Consulting au Congo semble avoir trouvé la parade en remplaçant le parpaing en ciment par des blocs de terre compressée (argile, limon, sable, eau et seulement 5 à 7% de ciment). Voilà une belle manière de faire écho à son environnement et de faire revivre un savoir-faire oublié !
Quand l’architecture revient à la terre
Après son parcours de consultant en méthodes auprès du géant Eiffage France sur le projet du Grand Paris, Claude Attila rêve que toutes les constructions contemporaines soient à base de matériaux innovants. Une revendication écologiste qui mériterait que les acteurs publics s’y intéressent tant la puissance du lobby des cimentiers est difficilement égalable. « La qualité environnementale est une composante à part entière d’un projet ; elle fait partie intégrante de ses valeurs architecturale et urbanistique » informe Claude Attila qui trouve dommage qu’avec l’industrialisation, la terre crue ait été évincée au cours du XXème siècle au profit du ciment. « La production d’une tonne de terre compressée pollue 25 fois moins que le ciment, de plus, c’est aussi solide que le parpaing dit conventionnel à base de ciment mais beaucoup moins nuisible à l’environnement » prévient ce chef de file du renouveau des constructions en terre, qui pratique son métier depuis plus de 30 ans.
« C’est aussi solide que le parpaing conventionnel à base de ciment mais beaucoup moins nuisible à l’environnement »
Ecologique et esthétique
Ses récentes réalisations en Afrique subsaharienne possèdent une isolation thermique naturelle 30% supérieure à un parpaing classique. Un avantage réel pour certains pays de la zone sahélienne où les températures extérieures peuvent aller jusqu’à 45 degrés. Moins d’énergie sera nécessaire pour le chauffage en raison de l’humidité relative presque constante d’environ 50 % dans une maison de terre par rapport à une maison de construction traditionnelle où l’humidité peut atteindre 80 % ou plus. L’énergie est économisée car un mur de terre solide peut stocker la chaleur et l’énergie solaire et la réémettre sous forme de chaleur radiante lorsque la température baisse. En clair, les qualités de la terre compressée en font un véritable régulateur naturel.
In fine, le retour à une certaine simplicité donne parfois des résultats étonnants !
« Nous avons créé en 2016 l’entreprise WenCL Consulting avec l’envie réelle de construire des bâtiments écologiques. Un défi que je me suis lancé avec mon partenaire Tiburce Wenceslas Mboli tant nous plaçons le respect de l’environnement au centre de notre démarche. Le bloc de terre compréssé est un produit 95 % naturel qui peut être utilisé comme isolant ou renforts. C’est un produit issu des dernières évolutions technologiques permettant d’améliorer de façon importante les performances en matière de construction. Je souhaitais poursuivre dans le domaine de l’éco-construction. Jusqu’ici, il était en effet difficile de rivaliser avec le béton et le parpaing de ciment étant donné la solidité de cette matière mais c’est chose faite ! » Claude Attila
INTERVIEW DE CLAUDE ATTILA – LUNDI 24 AVRIL 2017 – PULLMAN Paris BERCY (France) – 19h00
Certainement sans s’en rendre compte, l’architecte togolais Claude Attila et son partenaire congolais le génie informaticien Tiburce Wenceslas Mboli poussent la classe politique et les pouvoirs publics africains à se mettre en ordre de marche. Et cette marche va dans le sens du social business. L’Afrique dans son ensemble pense économie verte et ces deux hommes, avec leur volonté de promouvoir les technologies de dernières générations pour un développement durable dans les domaines du Génie civil et du bâtiment ont tout compris. Rencontre à Paris avec Claude Attila, co-fondateur de WenCL Consulting.
54 ETATS : Monsieur Attila, pourriez-vous nous présenter brièvement votre parcours professionnel ?
Claude Attila (WenCL C.) : J’ai débuté ma carrière professionnelle en 1989 avec la société S.I.D.F (Structures Ile de France) sur le chantier du siège d’Air France à Roissy pôle.
La suite de mon parcours fut jalonné d’expériences acquises aux travers de grands chantiers tels que :
- Le techno centre Guyancourt (centre de conception des véhicules Renault dans les Yvelines)
- Le centre de fibre optique Exodus à Bezon avec Bouygues
- Le siège de France Télévision Paris 15ème avec DBS France Sol
- L’hôpital Européen Georges Pompidou Paris 15ème avec DBS France Sol
- La Gare TGV de Lille avec Spie Batignolles
- Fallwiezen hôtel et suite hôtel le Méridien à Zurich (Suisse) avec Losinger (Bouygues Suisse)
- Le tunnel du Rizanèze à Santa Lucia Di Tallano (Corse) avec Razel Bec
- CMF (Clinique Médicale les Flamboyants) au Burkina Faso
- Ligne tram T6 à Viroflay avec BIEP (Eiffage Travaux Publics)
Et actuellement je suis en contrat de chantier avec le groupe Eiffage France sur le projet du Grand Paris en tant que consultant en méthodes.
54 ETATS : Le projet du Grand Paris a été initié sous Nicolas Sarkozy en 2007 pour transformer l’agglomération parisienne en une grande métropole du 21ème siècle, une ville-monde. Vous avez la chance avec Eiffage France de figurez sur ce projet en qualité de consultant en méthodes ; diriez-vous que Paris est en retard en matière d’écologie et de transition énergétique ?
Claude Attila (WenCL C.) : Quand bien même la France veut rester exemplaire en terme d’écologie, les retards ne font que s’accumuler sur les énergies renouvelables, la qualité de l’air et de l’eau ou encore la biodiversité.
Lors de la COP 21, notre part d’énergie renouvelable était à 20% de la consommation d’électricité nationale. L’objectif du 100% pour 2050 est loin d’être atteint.
Les dernières statistiques mondiales publiées portant sur le seul CO2 (et non pas sur l’ensemble des gaz à effet de serre), révèlent que les émissions de la France sont encore reparties à la hausse. Au niveau européen, la France se classe au quatrième rang des pays émetteurs de CO2, derrière l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Italie.
54 ETATS : Parlons de la société WenCL Consulting que vous avez co-fondé avec votre partenaire Tiburce Wenceslas Mboli. D’où vous vient ce besoin de respecter autant l’environnement ? Est-ce que c’est juste pour surfer sur la vague de l’économie verte, nouvelle tendance en Afrique notamment au Maroc, ou encore au Gabon ?
Claude Attila (WenCL C.) : De nos jours, nous savons tous ou presque ce que nous réservent les retombées du réchauffement climatique causé par nos propre productions et rejets de gaz à effet de serre.
Loin d’une histoire de mode ou de tendance, nous avons opté pour l’utilisation des matériaux respectant l’environnement pour donner aux futurs occupants des maisons et toits que nous proposons, la chance de pouvoir augmenter leur durée de vie et profiter pleinement du bien dont ils rêvent d’être propriétaire sans que ce dernier ne nuise à leur santé.
Le bloc béton et le parpaing ciment sont des matériaux qui rejettent énormément de CO2 dans l’environnement habitable et la nature.
Il est important de noter ce qui suit :
Selon une étude réalisée par ADEME (Agence Française de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie et CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment) pour une maison individuelle, l’impact Carbone en Kg de CO2 / m2 construit est de 140 Kg pour le bois, 150 Kg pour le bloc béton comme le parpaing en ciment, et 50 à 40 kg de CO2 /m2 pour un mur en BTC.
Lorsque nous nous référons au tableau des bâtiments économes et énergivores, nous constatons que le BTC est le matériau de construction en tête de part cette étude en terme de respect des exigences de construction attendues pour une qualité de vie meilleure et durable.
WenCL Consulting a Opté naturellement pour ce système Véritablement respectueux de l’environnement.
Pour vivre dans une maison saine et durable, il faut choisir des matériaux qui n’altèrent pas la santé des habitants.
Ce besoin a donc ses raisons :
- Préserver la santé des occupants,
- Diminuer l’impact écologique de la production des matériaux, c’est-à-dire limiter l’énergie nécessaire à leur fabrication et mieux gérer les déchets qu’ils génèrent en fin de vie (recyclage),
- Limiter les rejets toxiques durant le transport des produits,
- Utiliser des matériaux et des techniques efficaces contre les déperditions d’énergie.
54 ETATS : Diriez-vous que vous êtes un baubiologiste (comprendre un précurseur des idées de l’écologie en construction) ?
Claude Attila (WenCL C.) : Les belles idées écologiques ne datent pas d’aujourd’hui. Néanmoins, il est toujours nécessaire de rappeler l’importance du terme écologie dans le domaine de la construction.
Construire de manière écologique signifie construire de façon à ménager au maximum possible l’environnement en perturbant le moins possible les cycles naturels. A commencer par une consommation minimale de matériaux et de ressources, puis en utilisant le plus possible des matériaux naturels et renouvelables, qui nuisent le moins possible à l’environnement sur l’ensemble de leur cycle de vie, à savoir depuis leur extraction, transformation, transport, construction et recyclage.
Mon objectif est plutôt de garantir à travers mes conceptions et réalisations, le bien être dans notre monde actuel sans compromettre celui des générations futures.
54 ETATS : Qu’est-ce qui vous intéresse le plus : les problématiques sociales ou les problématiques écologiques ? En clair, avec WenCl Consulting, prioriser vous le profit ou l’impact social ?
Claude Attila (WenCL C.) : Il est évident pour nous initiateurs de ce procédé écologique qu’à cette préoccupation environnementale soit lié le volet économique qui consiste à produire et consommer autrement, et le volet social (n’oublier personne)… Ces trois thèmes (écologie, économie et social) sont les piliers du Développement Durable.
Par conséquent, l’impact social occupe la première place dans notre programme d’accessibilité d’un logement à tous.
54 ETATS : Utiliser des matériaux sains au profit du ciment est un réel défi. Quels obstacles rencontrez-vous sur le terrain ?
Claude Attila (WenCL C.) : Il est tout à fait normal que nous nous rencontrions des obstacles et principalement venant de la gigantesque usine à ciment et ses distributeurs qui pour l’heure n’ont pas d’impact financier majeur dans leur chiffre d’affaire. Cela ne nous freine pas dans notre volonté et lutte pour la promotion de matériaux sains dans la construction pour une qualité de vie durable et un environnement meilleur, au contraire cela nous encourage davantage car nous pensons que c’est la bonne démarche pour l’Afrique.
54 ETATS : Y a-t-il une esthétique des constructions éco-responsables ?
Claude Attila (WenCL C.) : De plus en plus de projets d’une grande qualité technique et esthétiques, réalisés en terre crue, méritent d’être connus du grand public et reconnus par les professionnels. Nos prédécesseurs voulant aller trop vite en besogne, misant prioritairement sur l’aspect financier de cette activité ont négligé évidemment l’aspect esthétique de cette magnifique découverte le BTC. Il existe bien une esthétique à recréer pour cette nouvelle technologie. Le tout est de respecter les méthodes, les règles de l’art et les caractéristiques techniques qui doivent s’inscrire dans le cadre du développement durable. J’y travaille sans cesse.
54 ETATS : Question pratique : combien de temps vous faudrait-il pour réaliser 1000 logements sociaux dans un pays d’Afrique centrale par exemple et quelle est la logistique à adopter ? Recruter-vous votre main d’œuvre localement ou avez-vous toujours les mêmes forces vives avec vous ?
Claude Attila (WenCL C.) : Les conditions, les paramètres de fabrication des blocs, la logistique diffèrent d’un pays à l’autre. De plus la distance qui sépare la carrière d’approvisionnement en latérite et le site de réalisation est à prendre en compte. Par expérience, nous sommes en mesure de réaliser 1000 logements sociaux dans un pays de l’Afrique centrale dans un délai moyen de douze à dix-huit mois avec une ou deux machines capables de produire 4000 à 5000 blocs par jour.
Nous avons un certain nombre de poseurs expérimentés avec qui nous démarrons obligatoirement tout chantier quel que soit le pays et qui transmettent progressivement leur savoir-faire à une main d’œuvre locale. Cela fait partie de notre politique de création d’emploi local.
54 ETATS : Pour finir, parlez-nous de l’un des bâtiments que vous avez construit et dont vous êtes très satisfait.
Claude Attila (WenCL C.) : Il nous arrive rarement en tant qu’architecte en quête permanente de perfection d’être satisfait. En ce qui me concerne, je laisse toujours mon client donner cette appréciation au moment de la levée des réserves. La réalisation de deux villas témoins relatant mes dernières conceptions auxquelles j’attribue le nom de ‘‘bâtiments hybrides’’ est prévue en Côte d’ivoire dans les mois à venir. Vu les milliers d’heures et nouvelles idées apportées à cette nouvelle conception, j’espère que la réalisation reflètera exactement l’aspect attendu pour que le futur promoteur soit d’abord fier de son investissement et que moi aussi par la suite je puisse être en mesure de vous manifester mon entière satisfaction.
Parler d’une de mes réalisations pour laquelle je suis très satisfait vous fera naturellement plaisir de l’entendre. Mais j’aimerais plutôt partager ce plaisir avec vous en vous invitant à venir découvrir de vos propres yeux mon prochain chef-d’œuvre d’ici quelques mois là où il sera réalisé.

L’industrie du bâtiment est l’une des principales sources d’émission de gaz à effet de serre. À elle seule, la production de ciment est responsable de 5 % du CO2 rejeté dans l’atmosphère. WenCL Consulting, une entreprise Française basée à Brazzaville propose une alternative, moins onéreuse et vingt cinq fois moins polluante que le béton et le parpaing classique communément appelé conventionnel à base de ciment. De quoi faire pâlir le cimentier franco-suisse Lafarge, qui un jour, avec tous les blâmes qu’il essuie, pourrait bien devenir un colosse aux pieds d’argile. Explications.
Le béton et le parpaing de ciment sont les matériaux de construction les plus utilisés au monde. Chaque année, des milliards de tonnes de béton et de parpaing ciment sont produites et l’impact environnemental est catastrophique. Une tonne de ciment entraînerait une émission d’environ 900 kg de C02. Son principal constituant, le clinker, nécessite une cuisson à près de 1450°C, ce qui explique sa forte consommation énergétique.
Claude Attila, architecte Français, d’origine togolaise et co-fondateur avec le génie informaticien Tiburce Wenceslas Mboli de la société WenCL Consulting au Congo semble avoir trouvé la parade en remplaçant le parpaing en ciment par des blocs de terre compressée (argile, limon, sable, eau et seulement 5 à 7% de ciment). Voilà une belle manière de faire écho à son environnement et de faire revivre un savoir-faire oublié !
Quand l’architecture revient à la terre
Après son parcours de consultant en méthodes auprès du géant Eiffage France sur le projet du Grand Paris, Claude Attila rêve que toutes les constructions contemporaines soient à base de matériaux innovants. Une revendication écologiste qui mériterait que les acteurs publics s’y intéressent tant la puissance du lobby des cimentiers est difficilement égalable. « La qualité environnementale est une composante à part entière d’un projet ; elle fait partie intégrante de ses valeurs architecturale et urbanistique » informe Claude Attila qui trouve dommage qu’avec l’industrialisation, la terre crue ait été évincée au cours du XXème siècle au profit du ciment. « La production d’une tonne de terre compressée pollue 25 fois moins que le ciment, de plus, c’est aussi solide que le parpaing dit conventionnel à base de ciment mais beaucoup moins nuisible à l’environnement » prévient ce chef de file du renouveau des constructions en terre, qui pratique son métier depuis plus de 30 ans.
« C’est aussi solide que le parpaing conventionnel à base de ciment mais beaucoup moins nuisible à l’environnement »
Ecologique et esthétique
Ses récentes réalisations en Afrique subsaharienne possèdent une isolation thermique naturelle 30% supérieure à un parpaing classique. Un avantage réel pour certains pays de la zone sahélienne où les températures extérieures peuvent aller jusqu’à 45 degrés. Moins d’énergie sera nécessaire pour le chauffage en raison de l’humidité relative presque constante d’environ 50 % dans une maison de terre par rapport à une maison de construction traditionnelle où l’humidité peut atteindre 80 % ou plus. L’énergie est économisée car un mur de terre solide peut stocker la chaleur et l’énergie solaire et la réémettre sous forme de chaleur radiante lorsque la température baisse. En clair, les qualités de la terre compressée en font un véritable régulateur naturel.
In fine, le retour à une certaine simplicité donne parfois des résultats étonnants !
« Nous avons créé en 2016 l’entreprise WenCL Consulting avec l’envie réelle de construire des bâtiments écologiques. Un défi que je me suis lancé avec mon partenaire Tiburce Wenceslas Mboli tant nous plaçons le respect de l’environnement au centre de notre démarche. Le bloc de terre compréssé est un produit 95 % naturel qui peut être utilisé comme isolant ou renforts. C’est un produit issu des dernières évolutions technologiques permettant d’améliorer de façon importante les performances en matière de construction. Je souhaitais poursuivre dans le domaine de l’éco-construction. Jusqu’ici, il était en effet difficile de rivaliser avec le béton et le parpaing de ciment étant donné la solidité de cette matière mais c’est chose faite ! » Claude Attila
INTERVIEW DE CLAUDE ATTILA – LUNDI 24 AVRIL 2017 – PULLMAN Paris BERCY (France) – 19h00
Certainement sans s’en rendre compte, l’architecte togolais Claude Attila et son partenaire congolais le génie informaticien Tiburce Wenceslas Mboli poussent la classe politique et les pouvoirs publics africains à se mettre en ordre de marche. Et cette marche va dans le sens du social business. L’Afrique dans son ensemble pense économie verte et ces deux hommes, avec leur volonté de promouvoir les technologies de dernières générations pour un développement durable dans les domaines du Génie civil et du bâtiment ont tout compris. Rencontre à Paris avec Claude Attila, co-fondateur de WenCL Consulting.
54 ETATS : Monsieur Attila, pourriez-vous nous présenter brièvement votre parcours professionnel ?
Claude Attila (WenCL C.) : J’ai débuté ma carrière professionnelle en 1989 avec la société S.I.D.F (Structures Ile de France) sur le chantier du siège d’Air France à Roissy pôle.
La suite de mon parcours fut jalonné d’expériences acquises aux travers de grands chantiers tels que :
- Le techno centre Guyancourt (centre de conception des véhicules Renault dans les Yvelines)
- Le centre de fibre optique Exodus à Bezon avec Bouygues
- Le siège de France Télévision Paris 15ème avec DBS France Sol
- L’hôpital Européen Georges Pompidou Paris 15ème avec DBS France Sol
- La Gare TGV de Lille avec Spie Batignolles
- Fallwiezen hôtel et suite hôtel le Méridien à Zurich (Suisse) avec Losinger (Bouygues Suisse)
- Le tunnel du Rizanèze à Santa Lucia Di Tallano (Corse) avec Razel Bec
- CMF (Clinique Médicale les Flamboyants) au Burkina Faso
- Ligne tram T6 à Viroflay avec BIEP (Eiffage Travaux Publics)
Et actuellement je suis en contrat de chantier avec le groupe Eiffage France sur le projet du Grand Paris en tant que consultant en méthodes.
54 ETATS : Le projet du Grand Paris a été initié sous Nicolas Sarkozy en 2007 pour transformer l’agglomération parisienne en une grande métropole du 21ème siècle, une ville-monde. Vous avez la chance avec Eiffage France de figurez sur ce projet en qualité de consultant en méthodes ; diriez-vous que Paris est en retard en matière d’écologie et de transition énergétique ?
Claude Attila (WenCL C.) : Quand bien même la France veut rester exemplaire en terme d’écologie, les retards ne font que s’accumuler sur les énergies renouvelables, la qualité de l’air et de l’eau ou encore la biodiversité.
Lors de la COP 21, notre part d’énergie renouvelable était à 20% de la consommation d’électricité nationale. L’objectif du 100% pour 2050 est loin d’être atteint.
Les dernières statistiques mondiales publiées portant sur le seul CO2 (et non pas sur l’ensemble des gaz à effet de serre), révèlent que les émissions de la France sont encore reparties à la hausse. Au niveau européen, la France se classe au quatrième rang des pays émetteurs de CO2, derrière l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Italie.
54 ETATS : Parlons de la société WenCL Consulting que vous avez co-fondé avec votre partenaire Tiburce Wenceslas Mboli. D’où vous vient ce besoin de respecter autant l’environnement ? Est-ce que c’est juste pour surfer sur la vague de l’économie verte, nouvelle tendance en Afrique notamment au Maroc, ou encore au Gabon ?
Claude Attila (WenCL C.) : De nos jours, nous savons tous ou presque ce que nous réservent les retombées du réchauffement climatique causé par nos propre productions et rejets de gaz à effet de serre.
Loin d’une histoire de mode ou de tendance, nous avons opté pour l’utilisation des matériaux respectant l’environnement pour donner aux futurs occupants des maisons et toits que nous proposons, la chance de pouvoir augmenter leur durée de vie et profiter pleinement du bien dont ils rêvent d’être propriétaire sans que ce dernier ne nuise à leur santé.
Le bloc béton et le parpaing ciment sont des matériaux qui rejettent énormément de CO2 dans l’environnement habitable et la nature.
Il est important de noter ce qui suit :
Selon une étude réalisée par ADEME (Agence Française de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie et CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment) pour une maison individuelle, l’impact Carbone en Kg de CO2 / m2 construit est de 140 Kg pour le bois, 150 Kg pour le bloc béton comme le parpaing en ciment, et 50 à 40 kg de CO2 /m2 pour un mur en BTC.
Lorsque nous nous référons au tableau des bâtiments économes et énergivores, nous constatons que le BTC est le matériau de construction en tête de part cette étude en terme de respect des exigences de construction attendues pour une qualité de vie meilleure et durable.
WenCL Consulting a Opté naturellement pour ce système Véritablement respectueux de l’environnement.
Pour vivre dans une maison saine et durable, il faut choisir des matériaux qui n’altèrent pas la santé des habitants.
Ce besoin a donc ses raisons :
- Préserver la santé des occupants,
- Diminuer l’impact écologique de la production des matériaux, c’est-à-dire limiter l’énergie nécessaire à leur fabrication et mieux gérer les déchets qu’ils génèrent en fin de vie (recyclage),
- Limiter les rejets toxiques durant le transport des produits,
- Utiliser des matériaux et des techniques efficaces contre les déperditions d’énergie.
54 ETATS : Diriez-vous que vous êtes un baubiologiste (comprendre un précurseur des idées de l’écologie en construction) ?
Claude Attila (WenCL C.) : Les belles idées écologiques ne datent pas d’aujourd’hui. Néanmoins, il est toujours nécessaire de rappeler l’importance du terme écologie dans le domaine de la construction.
Construire de manière écologique signifie construire de façon à ménager au maximum possible l’environnement en perturbant le moins possible les cycles naturels. A commencer par une consommation minimale de matériaux et de ressources, puis en utilisant le plus possible des matériaux naturels et renouvelables, qui nuisent le moins possible à l’environnement sur l’ensemble de leur cycle de vie, à savoir depuis leur extraction, transformation, transport, construction et recyclage.
Mon objectif est plutôt de garantir à travers mes conceptions et réalisations, le bien être dans notre monde actuel sans compromettre celui des générations futures.
54 ETATS : Qu’est-ce qui vous intéresse le plus : les problématiques sociales ou les problématiques écologiques ? En clair, avec WenCl Consulting, prioriser vous le profit ou l’impact social ?
Claude Attila (WenCL C.) : Il est évident pour nous initiateurs de ce procédé écologique qu’à cette préoccupation environnementale soit lié le volet économique qui consiste à produire et consommer autrement, et le volet social (n’oublier personne)… Ces trois thèmes (écologie, économie et social) sont les piliers du Développement Durable.
Par conséquent, l’impact social occupe la première place dans notre programme d’accessibilité d’un logement à tous.
54 ETATS : Utiliser des matériaux sains au profit du ciment est un réel défi. Quels obstacles rencontrez-vous sur le terrain ?
Claude Attila (WenCL C.) : Il est tout à fait normal que nous nous rencontrions des obstacles et principalement venant de la gigantesque usine à ciment et ses distributeurs qui pour l’heure n’ont pas d’impact financier majeur dans leur chiffre d’affaire. Cela ne nous freine pas dans notre volonté et lutte pour la promotion de matériaux sains dans la construction pour une qualité de vie durable et un environnement meilleur, au contraire cela nous encourage davantage car nous pensons que c’est la bonne démarche pour l’Afrique.
54 ETATS : Y a-t-il une esthétique des constructions éco-responsables ?
Claude Attila (WenCL C.) : De plus en plus de projets d’une grande qualité technique et esthétiques, réalisés en terre crue, méritent d’être connus du grand public et reconnus par les professionnels. Nos prédécesseurs voulant aller trop vite en besogne, misant prioritairement sur l’aspect financier de cette activité ont négligé évidemment l’aspect esthétique de cette magnifique découverte le BTC. Il existe bien une esthétique à recréer pour cette nouvelle technologie. Le tout est de respecter les méthodes, les règles de l’art et les caractéristiques techniques qui doivent s’inscrire dans le cadre du développement durable. J’y travaille sans cesse.
54 ETATS : Question pratique : combien de temps vous faudrait-il pour réaliser 1000 logements sociaux dans un pays d’Afrique centrale par exemple et quelle est la logistique à adopter ? Recruter-vous votre main d’œuvre localement ou avez-vous toujours les mêmes forces vives avec vous ?
Claude Attila (WenCL C.) : Les conditions, les paramètres de fabrication des blocs, la logistique diffèrent d’un pays à l’autre. De plus la distance qui sépare la carrière d’approvisionnement en latérite et le site de réalisation est à prendre en compte. Par expérience, nous sommes en mesure de réaliser 1000 logements sociaux dans un pays de l’Afrique centrale dans un délai moyen de douze à dix-huit mois avec une ou deux machines capables de produire 4000 à 5000 blocs par jour.
Nous avons un certain nombre de poseurs expérimentés avec qui nous démarrons obligatoirement tout chantier quel que soit le pays et qui transmettent progressivement leur savoir-faire à une main d’œuvre locale. Cela fait partie de notre politique de création d’emploi local.
54 ETATS : Pour finir, parlez-nous de l’un des bâtiments que vous avez construit et dont vous êtes très satisfait.
Claude Attila (WenCL C.) : Il nous arrive rarement en tant qu’architecte en quête permanente de perfection d’être satisfait. En ce qui me concerne, je laisse toujours mon client donner cette appréciation au moment de la levée des réserves. La réalisation de deux villas témoins relatant mes dernières conceptions auxquelles j’attribue le nom de ‘‘bâtiments hybrides’’ est prévue en Côte d’ivoire dans les mois à venir. Vu les milliers d’heures et nouvelles idées apportées à cette nouvelle conception, j’espère que la réalisation reflètera exactement l’aspect attendu pour que le futur promoteur soit d’abord fier de son investissement et que moi aussi par la suite je puisse être en mesure de vous manifester mon entière satisfaction.
Parler d’une de mes réalisations pour laquelle je suis très satisfait vous fera naturellement plaisir de l’entendre. Mais j’aimerais plutôt partager ce plaisir avec vous en vous invitant à venir découvrir de vos propres yeux mon prochain chef-d’œuvre d’ici quelques mois là où il sera réalisé.